Panorama sur le mont Fuji
ps: Merci Manu pour le logiciel
mercredi 31 août 2011
3775 mètres
Selon un dicton populaire japonais, il existe deux types de fous : ceux qui n'ont pas gravi le Mont Fuji et ceux qui l'on monté deux fois. Manifestement, je ne fais plus partie ni de l'une ni de l'autre des catégories!
Au petit matin, réveil à 5 heures ce jeudi. Depuis la veille, mes affaires sont prêtes et entassées dans mon petit sac à dos: parka, polaire, gants, casquettes, quelques changes, deux litres d'eau, du sucre sous toutes ses formes. Mes nouvelles chaussures de marche frétillent dans l'entrée. Je prends mes lunettes de soleil mais avec peu de conviction. Les prévisions météo ne laissent que peu d'espoir quant au temps sur place. De la pluie. Tellement peu d'espoir que je ne prends pas mon appareil photo. J'emprunterai l'appareil de mon collègue pour prendre une photo du brouillard.
Je dois retrouver Ishikawa à la gare de Tokyo. Départ du bus prévu à 6:40. Près du point de rendez-vous, je suis un Japonais qui visiblement s'apprête lui aussi à passer quelques heures mouillées sur le Mont Fuji. Tout l'attirail est là : casquette mega-jumbo, lunettes, gros sac-à-dos fluo, bâton de marche, chaussures de marche, gourde d'eau, etc... A bah tient, c'est Ishikawa. Je ne l'avais pas reconnu... Nous retrouvons le groupe qui va prendre le même bus que nous. Il est composé de beaucoup de jeunes filles. Ishikawa m'expliqué que récemment, la marche en montagne est devenue populaire auprès de ces jeunes dames qui se déplacent en groupe. Il y a un mot pour cela : 山ガール. Le premier kanji signifie montagne et la seconde écriture en katakana se lit "girl". Les yama-girl. Les stylistes japonais ne s'y sont d'ailleurs pas trompées et ont créé des lignes de vêtements un peu fashion pour ces demoiselles. En montagne oui, mais pas sans style. (http://blog.japantimes.co.jp/japan-pulse/yama-girls-take-to-the-great-outdoors/).
Départ du bus à 6:42 pour arriver à Shinjuku à 7:00 (...?) et reprendre un second bus. Je ne comprends toujours pas pourquoi le rendez-vous n'était pas directement à Shinjuku... Bref, nous y retrouvons Murata, le deuxième collègue japonais qui s'embarque dans cette aventure pluvieuse avec nous. La pluie nous accompagne en bus jusqu'au pied du Mont Fuji, au cinquième niveau, duquel nous allons démarrer. Avant le départ, j'ingurgite sans faim des ramens et j'achète mon bâton de marche affublé de grelots sonores. Ceux-ci sont attachés par un ruban coloré au choix rouge, vert ou jaune pour représenter respectivement l'amour, la santé ou l'argent. Je ne le croyais pas encore possible, mais entre-temps les choses ont empiré et la pluie est devenue horizontale. J'achète donc également une protection pour mon sac-a-dos.
Rassemblement de notre groupe sous la pluie battante pour retrouver notre guide. Un bout de femme d'un mètre cinquante le sourire aux lèvres. Elle s'inquiète très vite de savoir si je parle japonais, mais mes collègues lui assurent qu'ils me traduiront l'essentiel. Nous sommes deux étrangers dans le groupe, un russe d'une vingtaine d'années et moi-même.
La photo mouillée d'avant l'ascension
Nous démarrons notre convoi à 11h et la pluie semble se calmer. Le rythme imposé par la guide est très lent. Nous faisons une pause toutes les 20 minutes environ. On croise un autre convoi, de retour du Mont Fuji lui, composé d'enfants d'une dizaine d'années. "S'ils peuvent le faire, je peux le faire aussi", ce qui a fait rire mes collègues.
Arrivés au 6eme niveau, la pluie s'est enfin arrêtée et le ciel semble se dégager un peu. A chaque étape, on trouve petite cahute avec de quoi manger et boire, bouteilles d'oxygène, tampons à mettre sur le fameux bâton de marche (200 yens), toilettes payantes pour préserver la nature (200 yens) et bancs. La guide est une pub vivante : "vous savez quoi, ils viennent de tout juste préparer des onigiris, ils sont encore chauds";"vous le croirez jamais, mais ils viennent tout juste de faire cuire des épis de mais sucrés". Si je ne croyais pas en ma chance insolente, je dirais que les choses sont prévues d'avance... Les pauses oxygène de certains se transforment en pause cigarettes pour d'autres, ce qui me fait beaucoup rire.
Encore tout la haut
Dans l'ensemble, les Japonais sont over préparés pour l'ascension et ont tout l'attirail qui va bien. Mais on croise de temps en temps quelques originaux qui grimpent avec une tenue qui ne semble pas très adaptée. Vu : chaussures de ville et pantalon de costume, T-shirt, bonnet genre vicking avec des cornes. Dois-je préciser qu'il s'agit de gaijin ?
Les nuages sous nos pieds, le ciel sur nos têtes
Nous continuons à monter. Le ciel est plutôt couvert, mais il ne pleut pas. La température diminue. La vue reste relativement dégagée. On peut voir la mer au loin et l'ile d'Enoshima. Nous sommes passés au dessus des nuages. Dans notre groupe, il y a une famille Coréenne avec un enfant de 12-13 ans qui commence à trainer de la patte. L'ascension n'en est que plus lente.
Le chemin vu d'en bas
Le chemin vu d'en haut
Un Tori au 7eme niveau
Finalement, le rythme lent rend la progression assez agréable et relativement facile. La végétation se fait de plus en plus rare et laisse place à un paysage lunaire.
Toujours plus haut
Arrivée au 8eme niveau. C'est dans ce refuge que nous allons dormir. Un repas frugal nous est servi, mais il faut se dépêcher de le manger parce qu'un autre groupe arrive juste derrière nous. La nuit est maintenant tombée. Mes collègues rient des prix des plats disponibles dans le refuge: 1200 yens pour un Kare, 800 yens pour une cup de noodle.
Miam !
Le nuit relativement claire nous permet de découvrir le bassin de Tokyo illuminé. Je commence à regretter mon appareil photo et mon trépied !
Bassin entre Tokyo et le Mont Fuji
Alors que je me masse les jambes pour les détendre, un de mes collègues me propose de continuer. "Quoi ? un Japonais qui va me toucher ??" J'etais tellement surpris qu'au début je ne comprenais pas ou il voulait en venir. Mais chatouilleux comme je suis, je n'ai pas fait durer cela bien longtemps. Je me suis tout de même permis de lui rendre la politesse. "Quoi, moi toucher un Japonais ?" Lorsque je lui ai dit qu'il avait de la chance parce qu'en rentrant chez lui sa femme pourrait le masser pour le détendre après son ascension, il m'a répondu que son épouse ne savait pas faire de massage. Bon, ça c'est fait.
La nuit est courte et plutot agitée. A 20h tout le monde au lit. Le réveil est prévu à 1:30 du matin pour un départ vers le sommet à 2h. Alors que je me tourne et retourne dans mon enchevêtrement de couvertures, une question me taraude. Pourquoi les personnes qui ronflent s'endorment toujours en premier ? Un de mes collègues qui a la tête à cote de celle du ronfleur tente à plusieurs reprises de tirer sur son coussin, mais sans succès. Jusqu'à ce que le jeune Coréen réveille son père (il s'agit de lui), pris de panique en plein milieu de la nuit. S'en suit une discussion entre les parents et l'enfant pour tenter de le calmer. Nuit courte je disais...
Ca c'est Palace !
Branle-bas de combat comme prévu à 1:30 et départ à 2h du matin. Dehors le froid et le vent mordent. Mais le fait est là. Peu de nuages, les étoiles au dessus de la tête, le bassin de Tokyo illuminé et des centaines de petites lumières qui progressent inlassablement sur les flancs du Mont Fuji vers un seul but : le sommet. C'est la deuxième fois que je regrette mon reflex et mon trépied. L'image de ces centaines de points lumineux qui serpentent sur les pentes de la montagne est réellement magnifique. On m'avait prévenu que l'ascension du Mont Fuji était comme emprunter une autoroute, mais cette même vision à 2h du matin est vraiment surprenante.
Nous attaquons l'ascension à un rythme encore plus lent que la veille. Ca bouche... Quatre pas. On s'arrête. 10 pas. On se repose. Bref, on fait la chenille. En approchant du sommet, à presque chaque virage un petit monsieur est là pour gérer le flux avec un bâton lumineux. Une autoroute. Vraiment. Et il est 3h du matin. Nous passons sous deux Toris en bois dans lesquels les gens ont glissé des pièces de monnaie au niveau des fissures.
Nous atteignons le sommet à 3:50. Le vent est plus puissant et les nuages ont fini par arriver. Tapage de mains et auto-congratulations. Au sommet, on trouve quelques maisonnettes, un restaurant, des magasins, un temple.
Le visage du Froid
Nous partons pour le tour optionnel autour de la caldeira du mont Fuji. Murata n'est pas très chaud pour continuer, mais comme nous y allons tous, il se laisse convaincre. J'enfile toutes les épaisseurs dont je dispose pour lutter contre le vent glacial. Alors que nous progressons vers le point le plus haut du volcan, les premieres lueurs du jour apparaissent. Les nuages se laissent transpercer enfin. Des personnes s'installent à des positions stratégiques pour observer le lever du soleil.
La troisième et dernière fois ou je regrette mon reflex, c'est pour la vision d'un ciel embrasé dans lequel se découpent les silhouettes sombres de personnes venues assister à l'aube. Magnifique. Les gens se rassemblent sur les crêtes. Certains attendent assis, plein Est.
Finalement, après 8 à 9 heures d'ascension au total, nous atteignons 3775 m, pour assister au lever du soleil sur le point le plus haut du Japon.
Au pays du soleil levant
Le point le plus haut est une ancienne station radar qui est maintenant démontée. Nous continuons notre tour et rentrons partiellement dans la caldeira dans laquelle un peu de neige est encore visible. La chaleur revient peu à peu avec les rayons du soleil.
Si vous m'indiquez un logiciel Mac permettant de faire un montage panoramique, je vous montrerai a quoi ressemble 45 degrés au sommet du mont Fuji.
De retour au temple, je fais tamponner mon bâton pour justifier de mon ascension. Mes collègues achètent des porte-bonheurs dans ce même temple. Puis, c'est la descente sur un chemin différent de l'ascension, sans magasin cette fois.
Le bâton, les grelots et le tampon sur le toit du Japon
Notre Guide
Au départ, notre guide nous avait prévenus d'utiliser 60% de notre énergie pour la montée et 40% pour la descente. Apres avoir fait l'ensemble, je serais bien tenté d'inverser ces deux nombres. La descente se fait sur un terrain caillouteux très glissant, difficile pour les genoux. En pleine descente, nous croisons un véhicule à chenilles qui grimpe au sommet. C'est comme cela que les restaurants et magasins se fournissent. Le ciel est relativement bien dégagé et j'arrive à me prendre un coup de soleil sur le nez. Il nous faut 4 h pour redescendre jusqu'au 5eme niveau, celui duquel nous sommes partis. C'est à ce moment là qu'une pluie fine commence à tomber.
Photo d'apres l'ascension
Nous recevons deux cadeaux par l'organisation du tour: un petit grelot et une carte postale du Mont Fuji sur laquelle est écrit en substance : Félicitations! Maintenant, je n'ai plus qu'une envie, c'est d'aller droit au Onsen. Nous reprenons donc une derniere fois le bus et c'est là que nous quittons le tour organisé. Un troisième collègue vient nous rechercher en voiture au Onsen, ce qui me laisse le temps de dormir un peu et de profiter des bains à 40C.
Nous passons la nuit dans une auberge réservée aux employés de chez Nikon. La même dont j'avais parlée dans un post précédent. Nous en profitons donc pour boire un peu de champagne tout en faisant un Karaoke. C'est là que je parle des mangas et des programmes TV Japonais de mon enfance. Les Japonais m'interprètent alors les génériques de : Spectroman, San Ku kai, Niky Larson, Juliette je t'aime, Les chevaliers du Zodiac, Cat's eyes etc... Autant vous dire qu'aussi bien les titres de ces mangas que leur musiques de générique n'ont rien à voir avec ce dont je me rappelle. J'ai toutes les peines du monde à leur faire comprendre de quels mangas je parle...
Pour resumer :
- Partis et arrivés sous la pluie, nous avons été plutôt très chanceux concernant le temps.
- 9h d'ascension, 4h de descente.
- 1 lever de soleil.
- Pas plus de 5 degrés au sommet.
- 1kg perdu dans l'ascension.
- 2.5 litres d'eau bue.
- 1000 yens de pipi.
- Des dizaines de photos de moi en train de faire le Japonais devant le truc intéressant à regarder (et je vous épargne le best off des photos ridicules).
- 2h dans les Onsens.
- Pas plus de 4h de sommeil.
- 2 jambes courbaturées.
- 3 belles photos ratées.
- Un grand sourire au final.
dimanche 28 août 2011
mercredi 24 août 2011
Deuxième essai
Demain matin, je pars pour le Mont Fuji pour tenter une ascension.
Prediction meteo : http://www.mountain-forecast.com/peaks/Fuji-san/forecasts/3776
De la pluie donc, en partie. Je croise les doigts pour ne pas voir que du brouillard en arrivant en haut.
Retour samedi. J'essaierai de faire une description détaillée de ma petite aventure mouillée.
Prediction meteo : http://www.mountain-forecast.com/peaks/Fuji-san/forecasts/3776
De la pluie donc, en partie. Je croise les doigts pour ne pas voir que du brouillard en arrivant en haut.
Retour samedi. J'essaierai de faire une description détaillée de ma petite aventure mouillée.
mardi 23 août 2011
lundi 22 août 2011
dimanche 21 août 2011
samedi 20 août 2011
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