Mine de rien, le 11 Mars a quelque peu changé la donne.
Bien sur, nous savions depuis le début que notre pays d'accueil est un pays à "risque sismique" comme on dit, mais la catastrophe du 11 Mars, et surtout les jours qui ont suivi, nous l'ont rappelé brusquement, violemment.
Et même si au quotidien, rien ne nous le rappelle, c'est encore dans tous les esprits.
Il y aura pour nous un "avant" et un "après". Un peu comme pour ces gens qui étaient à New York le 11 Septembre 2011 par exemple. J'ai récemment rencontré une Française qui vivait a New York a l'époque et qui est au Japon depuis 6 ans... drôle d'expériences tout de même...
Bref.
Est-ce le fait de retrouver mon quartier? de reprendre contact avec les copines "d'avant"? d'essayer de retrouver une certaine routine?
toujours est-il que je ressens un besoin d'en parler, d'échanger, sur ces 6 mois d'émotions fortes.
Et je ne suis pas la seule. Toutes, nous avons besoin d'en parler, pas pour larmoyer ou pour tomber dans le pathos, mais pour vider nos émotions car nous en avons encore.
Oui, il nous faut maintenant vivre avec cette nouvelle donne, à savoir une vigilence nouvelle et pas des moindres quant à la provenance de la nourriture principalement.
Je vous parlais souvent, avant, du cout de la vie, et notamment des produits importés. Nous étions donc réticents pour payer notre camembert 1500 yens (15 euros...). Mais désormais, notre budget alimentation a explosé! ce n'est plus le prix qui fait pencher la balance, mais la provenance. Des saucisses d'Allemagne? je prends! Quoi, elles sont a 10 euros les 3? tant pis!
Ces tomates japonaises viennent de Gifu... Zut, j'ai pas mon Iphone, je sais pas ou est Gifu... tant pis, je prends pas! on mangera des carottes! c'est bon, elles viennent d'Hokkaido!
Bref, voila a quoi se résume mon nouveau casse-tête lorsqu'il s'agit de faire les courses pour nourrir la petite famille.
J'échange très souvent avec les copines. Chacune a placé son curseur de vigilence selon son ressenti, son vécu du 11 Mars, l'âge des enfants, la date de retour au Japon... Mais chacune, nous respectons les choix des autres. Sans tomber dans la paranoia. Sans être alarmiste. D'autant que si nous avons fait le choix de revenir, ce n'est quand même pas pour vivre avec la trouille au ventre ou une suspicion permanente.
De la vigilence, oui. De la parano, non.
Voila ce qu'il en est.
Pas sure que ce post soit réellement interessant pour vous, mais bon.