Je ne veux nullement que ce blog vire au defouloir de sentiments larmoyants...
pardon, mais j'ai besoin d'évacuer, de vous tenir au courant pour pleurer en étant constructive, et peut-être aussi, égoïstement de laisser une petite trace écrite de ce qu'on est en train de vivre.
En vrac, dernieres nouvelles du moment.
La centrale nucléaire de Fukushima a subi une explosion. Celle dont tous les media nous rabattent les oreilles depuis hier en parlant d'un risque.
Alors, on a beau être scientifique, on ne peut pas vraiment juger de la gravité ou non du truc. On ne veut surtout pas laisser libre cours à la panique, mais le manque de sommeil, le contre coup autant physique que moral par rapport à la journee d'hier (et à la nuit ponctuée de répliques sismiques) nous/me font parfois craquer.
J'évacue, je décompresse, on me dit que c'est normal, que même pas enceinte, je pourrais craquer, j'en ai le droit.
Alors je m'en prive pas.
Raisonnablement, on a décidé de suivre les consignes de l'Ambassade. Calmement. Posément.
Bon, mais à 19h, j'ai appelé leur cellule de crise car prise dans un petit vent de panique....
on en est pas encore à l'évacuation, mais je voulais me l'entendre dire, m'entendre dire (et là encore, je sais que je suis hyper méga égoïste) qu'avec un enfant de 2 ans et demi et enceinte de 8 mois, je serai prioritaire...
Le mec au téléphone a été très professionnel. Il m'a laissé pleurer, m'excuser de craquer, m'a rassurée, affirmé que c'etait bien normal, et explique qu'il n'y avait aucune urgence pour le moment, et même aucun danger avéré puisqu'aucun nuage radioactif.
Il m'a rappelé les consignes à appliquer, et moi, bonne élève, j'ai hoché de la tête. Pour la plupart, on avait tout fait. Notre baignoire est remplie d'eau, nous n'utilisons que quelques lampes, nous avons une réserve de bouffe et d'eau potable, nous ne cédons pas à la panique (enfin, dans la plupart du temps). Bon, il m'a aussi dit de dormir et de reprendre des forces, mais ça, c'est pas gagné!
Quelques temps après ce coup de fil qui me confirmait que rester ici était la meilleure des solutions, la boite de Mathieu nous appelle.
Ils proposent de rapatrier les familles des expat... pas encore tout le personnel, mais les familles....
sauf que je ne peux plus vraiment voyager... trop enceinte.
Dire "merci mais non merci" m'a vraiment fait bizarre...
Quelques unes de mes copines ont fait le choix de rentrer en France. Elles ont les billets d'avion, mais aucun moyen assuré de se rendre à l'aéroport... ce qui me conforte dans l'idée que ce serait insensé pour moi d'essayer de rejoindre un aéroport (déjà situé à 2 heures de trajet en temps normal) alors qu'il n'y a ni bus ni train, pour poireauter interminablement et prendre un avion pour un vol tout aussi long... (d'autant plus long à mon sens que le Nain gigote et me rappelle sans cesse qu'il est très présent...)
Je ne veux pas céder à la panique. Bien sur, pas enceinte ou de moins de 7 mois, je serais rentrée, sans même me poser de question. Là, bien sur, c'est diffèrent.
Bref, nous "gérons", les émotions, les sentiments, les réactions face aux infos qui nous parviennent au compte goutte en temps réel et pour lesquelles nous avons aucun moyen de prendre du recul...
Merci pour le soutien, les mails, les messages, les coups de fil... ils nous vont toujours droit au coeur. N'arrêtez pas!!
Le but de ce post n'est absolument pas de vous alarmer, je me répète. Nous sommes très bien situés par rapport à une éventuelle alerte, nous avons pu tester la résistance de notre immeuble aux secousses (RIEN de cassé, juste 3 bibelots renversés, autant dire rien...) et très bien encadrés à la fois par l'Ambassade et par la boite de Mathieu qui n'est pas prête de nous laisser à notre propre sort. C'est rassurant. Pour vous. Pour nous.
PS : Au moment ou j'écris ce mail, la terre tremble à nouveau. Je HAIS ces répliques...
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