Bon, pour être tout à fait honnête, je ne sais pas bien comment écrire ce post...
Je suis toute sensible aux différentes réactions sur ce blog laissé en friche depuis quelques temps... J'aime moi aussi beaucoup ces dessins, hommages au Japon notre pays d'adoption, et que j'ai choisis parmi d'autres selon mes gouts (on y retrouvera pas mal de Totoro, de soleils rouges et d'AstroBoy), mais j'ai volontairement choisi la solution de facilité en en programmant la publication tous les matins, et ce pendant encore quelques temps je crois... J'avais besoin d'un break, je ne pensais pas qu'il serait si long, je pensais retrouver une source d'inspiration plus rapidemment...
Désolée, je ne pensais pas "frustrer" autant de personnes! On me réclame en effet du "vrai" blog, dans les commentaires, par téléphone ou par mail! Ca me touche beaucoup de vous savoir en attente de lecture!
Alors, même si le coeur n'y est pas vraiment, je reprends un peu de service.
Ce blog perd un peu de son objectif premier, il va un peu trop vers l'expression de "mes" petits sentiments à "moi" "perso", mais en même temps, c'est moi la modératrice en chef! et puis, j'espère toujours que ce ne sera que temporaire...
Je ne suis pas une grande littéraire, cela n'aura échappé à personne, alors raconter mes 2 dernières semaines avec objectivité et de manière posée et positive, c'est pas si simple.
Je pleure de moins en moins, ce qui en soit est déjà très positif!
Bon, de moins en moins ne veut pas dire plus du tout et il m'est plutôt difficile d'être en permanence tournée vers le rose de la vie. C'est assez "up and down" quoi.
Bien sur nous n'avons pas quitté un pays en guerre, sous la menace des bombes. Mais notre vie a été interrompue brusquement. Nous avons quitté notre chez nous dans l'urgence, les gens sans leur dire au revoir, sans savoir ni pour ou ni pour combien de temps nous quittions notre pays d'adoption, et au fil des jours, je commence à encaisser un sacré contre-coup. Car dans l'urgence, on agit au plus presse (passeport, carte bancaire, disque dur, fringues de survie, fric, taxi, embarquement, maternité, valise de maternité) et apres quelques jours (semaines?) on recommence à réfléchir... d'ou le contre-coup... d'ou les "up" et les "down".
A ce jour, je ne vois toujours pas quel peut être notre avenir. Nous n'avons aucune visibilité. Je vis au jour le jour (mais il y a du progrès, nous vivions heure par heure lors de nos derniers jours à Tokyo), en attendant "l'heureux événement" comme on dit.
Les nouvelles qui nous parviennent de la centrale de Fukushima sont loin d'être rassurantes. Le risque est toujours là, et il faudra longtemps avant qu'il soit neutralisé. Et si aucune explosion n'est à craindre, si Tokyo est suffisamment éloigné du site, il reste le risque d'intoxication des aliments et de l'eau. Or, je réfléchis comme une maman désormais, et pense surtout à mon Eliot qui boit toujours l'eau de son bain, et au Nain qui est encore si petit et fragile (meme si il a déjà traversé pas mal de péripéties, on est bien d'accord).
Par ailleurs, les news du monde n'ont d'yeux que pour le risque nucléaire (sujet sensible en France s'il en est, il n'y a qu'à voir la récupération politique qui a suivi la catastrophe du Japon, alors même qu'il n'avait pas fini de compter les victimes... j'y reviendrai), alors que le pays subit encore nombre de répliques sismiques, certes de moindre amplitude, mais qui ont tout de même des répercutions sur la vie des personnes que je connais qui sont restées ou retournées la bas. Physiquement et nerveusement, c'est épuisant. Je les comprends, je pense souvent à eux. Ce n'est pas mon hyper-sensibilité, c'est juste humain je crois.
Nous avons bien sur annulé notre déménagement prévu pour la fin du mois d'Avril. Cela aurait impliqué que Mathieu soit déjà de retour sur place, ce qui n'est pas garanti encore, et surtout il nous paraissait indécent et inapproprié de déménager, par rapport à la situation actuelle du peuple japonais. Et lorsqu'il sera temps pour nous de rentrer, nous préférons reconstruire notre cocon à 4 dans l'appartement de Motoazabu ou nous avons tous nos repères. Tant pis. Pas grave. Ceci est annexe, quasi anecdotique.
C'est la 2e semaine de 4 jours que Mathieu passe à Paris. Il prend le train le lundi matin et rentre le jeudi soir. Ca laisse à Micro Nain 3 bonnes journées pour pointer son nez. J'ai encore plus l'impression d'attendre Mathieu comme le messie le jeudi! comme s'il pouvait quelque chose à cette espèce d'impatience que j'ai de voir enfin Micro Nain! et comme si cette naissance servirait de déclic et m'apporterait un éclairage sur notre avenir, un apaisement...
Ce qui est certain, c'est que je m'estime plutot chanceuse d'avoir cette perspective d'accueillir un nouveau petit loupiot dans pas longtemps. En comparaison des copines, rentrées tout comme nous dans la précipitation, avec 3 fringues et demi, dans des appartements tout petits d'Ile de France ou en appart-hotel, sans grands parents à proximité, sans garderie ou crèche...
Nous échangeons régulièrement, nous en avons toutes grand besoin. Nous ne faisons pas dans le larmoyant, nous cherchons à positiver, mais toutes, nous estimons qu'il est trop tôt pour se prononcer sur un retour à Tokyo. Toutes, nous pensons à nos mômes. Toutes, nous voulons retrouver "notre vie d'avant", et toutes, nous savons que ça ne sera jamais plus comme avant. Parce qu'il y aura un risque, parce que contrairement à ce que beaucoup affirment, tout le monde ne rentrera pas à Tokyo. Même ceux qui, comme nous, sont partis la boule au ventre et le coeur serré, et nous sommes nombreux dans ce cas. Ya un truc qu'on nous a pris, c'est difficile à exprimer, encore plus à comprendre je sais. Certains vont devoir accélérer leur retour en France prévu dans quelques mois, mais sans pouvoir dire au revoir aux choses qu'ils ont aimées et auraient apprécié de faire une dernière fois. Certains hésitent a retourner à Tokyo. Certains y sont contraints pour obligations professionnelles...
Ce post est très décousu, un peu à l'image de mon cerveau en ébullition! peut-être que les 8 mois et demi de grossesse n'aident pas, mais ce qui est sur, c'est que je ne suis pas la seule à éprouver cette grande interrogation. On peut peut-être parler de désarroi. Car finalement, oui il y a des larmes et de la tristesse, mais aussi de la responsabilité notamment parentale qui prend la place des larmes. Oui, nous sommes mieux ici. Mais oui, nous regrettons notre vie d'avant. Oui, nous subissons, et c'est rageant, cette situation que nous n'avons ni choisie ni anticipée. Mais oui, nous avions conscience d'être extremement privilégiés. Car l'accueil de nos familles et de nos amis a juste été parfait.
Up and Down.
Désarroi.
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