Life and business as usual

Mathieu repart dimanche.
A 11h, direction Haneda, pour reprendre le boulot lundi matin.
Business as usual.

J'ai reçu la nouvelle un peu comme un coup de massue hier après-midi.
Nous avions eu un signe avant coureur vendredi après-midi, à notre retour de la maternité. Un coup de fil du patron français de Mathieu, lui indiquant que les Français étaient autorisés à rentrer à Tokyo, familles incluses, à l'exception des familles avec jeunes enfants (nous quoi). Les Japonais ont plutôt du mal à comprendre pourquoi les Français tardent tant à revenir, eux qui ont grandi dans cette culture, du "travail avant tout", même avant la famille, et même en situation critique.
Business as usual.
J'ai eu comme première réaction une terrible envie d'hurler, de pleurer, de rager contre cet énième changement dans notre vie à 4, si fragile encore et tellement différente de ce qu'on avait envisagé. Marre des changements, marre de devoir encore faire des compromis, marre d'être en transit, marre que rien ne se passe comme prévu, marre de ne pas être dans mes affaires, marre de ne pouvoir me projeter à plus d'une semaine dans le futur...

Et puis, une fois la tempête de larmes évacuée, je me suis raisonnée.
De toute façon, il était évident que Mathieu repartirait avant nous. Pour le travail évidemment, mais aussi pour des raisons évidentes de sécurité. Cette centrale est toujours une épée de Damocles, les répliques sismiques sont toujours fréquentes (les media ont parlé des plus grosses, il y en a eu 2 hier)... J'ai moins peur maintenant, et je projette de rentrer au Japon prochainement. Mais pas dans n'importe quelles conditions. Je raisonne en maman avant tout désormais. Mes petits sont bien trop petits pour que nous les emnbarquions dans un trip qui ne serait pas leur choix et surtout qui serait débile et dangereux pour eux.
Alors, que Mathieu aille "tâter" le terrain en amont est finalement une bonne solution.
Il nous dira, lui, ce qu'il en est des répliques sismiques, du ravitaillement en fruits et légumes dans notre quartier (ou a priori il n'y a plus de souci d'eau du robinet ou de coupures d'électricité), et surtout du rationnement en eau minérale, ma principale préoccupation puisque Gaspard prend du lait en poudre.

A ce propos, j'ai d'abord reçu des nouvelles plutôt inquiétantes, qui allait de l'impossibilité de trouver de l'Evian par exemple, au rationnement à une bouteille par personne et par achat, en passant par des gens qui avaient roulé 2 heures avant de trouver un supermarché avec de l'eau minérale... Evidemment, chacun apporte son témoignage, mais ça ne reflète pas toujours la réalité de tous. Et puis, des nouvelles plus rassurantes sont venues couper court à la panique des mamans... Les mairies organisent des distributions pour les bébés en bas âge, il y a des systèmes de livraison à domicile, etc. Bref, surement pas de quoi s'affoler, et en étant sur place, il est surement plus facile d'avoir une véritable opinion.
Nous nous sommes aussi dit qu'à la moindre alerte, Mathieu pourrait très facilement être évacué et rapatrié, puisque nous avons "testé" le cas extreme lors de notre retour à 3-presque-4.

Et puis, petite cerise sur le gateau, la premiere semaine de Mai étant fériée au Japon (c'est la fameuse Golden Week), en cumulant quelques jours de vacances restant, Mathieu projette de revenir nous voir une petite dizaine de jours! Tant pis pour le jetlag, tant pis pour la fatigue, il revient nous voir vite, et c'est ça qui compte!
Alors, oui, nous avons un petit bebe Skype, ce qui n'était pas du tout prévu, mais nous avons aussi conscience d'être très privilégiés. Nous sommes terriblement bien entourés par nos familles respectives qui se sont pliées en 4 pour nous encadrer et nous soutenir, autant sur le plan moral que logistique.
On va vivre un peu à distance, le temps de pouvoir être fixé sur notre avenir et de pouvoir (enfin!) commencer notre vie à 4.
A Tokyo de préférence, ailleurs s'il le faut.
Le principal est d'être ensemble.